**Le soleil s’était levé depuis déjà quelques heures dans le ciel du petit village de Spring Harrow, en Virginie Occidentale. Rien ne semblait présagé que la journée de Jayson Oliver Foster serait contrariée par un retour inattendu. Depuis quelques années déjà, les affaires du jeune restaurateur allaient très bien, il gagnait beaucoup d’argent dans son petit restaurant nommé le « Bretzel » qu’il avait ouvert il y avait quelques années de cela. Le brunet savait depuis toujours qu’il souhaitait avoir son propre commerce et lorsque l’ancien propriétaire décéda, il sauta sur l’occasion pour savourer son rêve. Évidemment, Jayson n’était tout de même pas sans cœur. Il connaissait Monsieur White depuis plusieurs années et sa mort fut un choc pour toute la communauté. Enfin, les années avaient passés et son petit restaurant était le plus convoité dans tout le village, il savait attirer sa clientèle avec une grande diversité de plat, ce qui était parfait pour le porte-monnaie. Aujourd’hui, Jayson était de service au comptoir. Il aimait bien mettre la main à la pâte dans son restaurant, il n’était certainement pas le genre de patron à délaisser toutes les tâches pour récolter l’argent à la fin de la journée. Ainsi, Jayson déposa une assiette garnie d’œufs et de bacons sur le comptoir situé sur le côté droit du bâtiment. **

« Bonne appétit et si vous avez besoin de quoi que ce soit, prévenez-moi Monsieur et Madame Wickley ! »

**Le sourire du serveur était tendre et amical. Il connaissait la plupart de la clientèle aujourd’hui, ce qui était normal sachant qu’il avait installé le Bretzel dans un village aussi petit que Spring Harrow. Tandis qu’il sentait sa gorge se refermer, Foster prit une petite seconde de répis pour s’ouvrir une bouteille d’eau embouteillée qu’il recevait de la compagnie Water Harrow situé à quelques kilomètres de là. Lorsque sa gorge fut finalement rassasiée, Jayson reprit le boulot. Il se tourna vers un client qui venait d’entrer et dit, complété d’un franc sourire.**

« Bonjour ! »

Peter observa sa montre dernier cri. C'était parfait, il était arrivé sans retard. La voiture s'arrêta et le chauffeur vînt lui ouvrir la portière. Le jeune homme sortit. Il referma le premier bouton de son costume de marque et jeta un œil aux alentours. Spring Harrow n'avait pas changé depuis son départ, il y a cinq ans. A l'époque, il avait reçu une proposition à New-York pour un travail dans l'immobilier. Son dossier et ses compétences avaient attiré l'oeil de son patron de l'époque. Aujourd'hui, c'était lui, le patron et il était maintenant de retour dans le village de son enfance. Un sourire sarcastique vînt marquer ses lèvres. Nul doute qu'il avait bien changé au cours de toutes ses années et il espérait que le changement saurait tromper les habitants qui prétendaient le connaître depuis toujours. Peter avait un but bien précis en tête pour signifier son retour et il n'avait pas l'intention de s'en détourner.
Il renvoya son chauffeur et entreprit de continuer à pied. Le village était petit et malgré tout, il ne souhaitait pas particulièrement attiré l'attention sur lui pour le moment. Une voiture de ce calibre serait bien trop voyante dans les parages. Il observait les façades, une à une, saluant parfois d'un signe, les habitants qui le reconnaissaient. Les autres étaient généralement trop surpris pour dire un mot. Il savait qu'il n'avait pas laissé un excellent souvenir à tous mais il avait bien l'intention de changer ça, du moins en apparence. L'apparence revêtait une grande importance pour lui et c'était un élément essentiel de son entreprise. Il arriva finalement vers le lieu où il souhaitait. Le Bretzel. Grâce aux contacts qu'il avait gardé au village, il avait entendu que son cher ennemi Jayson avait fini par le racheter. L'opportunité était trop belle pour ne pas être saisie. Il aurait enfin sa vengeance.
Il entra dans le restaurant et aperçut justement Jayson au comptoir. Dans une autre vie, les deux hommes peut être auraient pu être amis mais les circonstances avaient rendus ce projet impossible, surréaliste même. Il lui adressa un bonjour franc accompagné du même sourire. Peter en fut décontenancé mais il n'en montra rien. Au contraire, il lui retourna ce même sourire et s'avança vers lui.

- Bonjour Jayson ! Je voies que tu travailles désormais ici, ce pauvre Monsieur White. Je suis sur qu'il serait heureux de voir ce tu as fait de cet endroit. Tu aurais une table pour moi ?

Son sourire semblait franc mais ses yeux pouvaient sans mal trahir sa pensée. La situation l'amusait et il était impatient de commencer.

**Être le propriétaire de ce petit restaurant plaisait beaucoup à Jayson. Il avait toujours su qu’il sauterait sur la première opportunité d’être son propre gérant. Il n’avait jamais aimé avoir la présence d’un patron derrière lui qui observait chacun de ses mouvements, Jay avait une attitude de meneur et cela, il pouvait l’exploiter comme il le souhaitait avec le Bretzel. Depuis son rachat, il y a quatre ans de cela, Foster avait fait explosé la qualité du restaurant dont la clientèle qui était beaucoup plus fréquente qu’avec l’ancien propriétaire qui était plutôt vieux et sans intérêt pour ses affaires. Cela ne signifiait pas que Monsieur White était un homme grincheux qui ne s’occupait pas de son restaurant, au contraire, on y mangeait bien, mais sans plus, il offrait qu’un fast food de base, ce qui était sans doute assez pour l’âge que ce vieil homme avait finalement. En faisant l’achat, Jayson avait entrepris des rénovations, il avait rafraîchis l’espace et avait complètement modifié la carte. Tous les habitants de Spring Harrow adorait ce qu’il faisait et cette accomplissement rendait très fier Foster qui rêvait de cela depuis qu’il était gamin. Aujourd’hui, la journée semblait bien commencé, mais une orage allait bientôt se pointer pour venir déjouer son esprit ; une vieille connaissance longeait les rues du village présentement. De bouche à oreille, il avait entendu dire qu’un homme avait débarqué d’une magnifique limousine il y avait seulement quelque minute de cela, mais le client en question ne connaissait pas la propriétaire de celle-ci. Bien sur, le commérage et les ragots se faisaient beaucoup trop vite dans un endroit aussi restreint que Spring Harrow. C’est avec une dose inconcevable de surprise qu’il détourna les yeux vers le client qu’il venait de saluer poliment avant de se rendre compte de l’individu qu’il s’agissait. Peter Grant, on pourrait dire qu’il s’agissait de l’ennemi numéro un du jeune propriétaire. Il ne l’avait pas revu depuis son départ de Spring Harrow et selon l’accoutrement qu’il avait, ainsi que les murmures qu’il entendait du client qui avait sifflé l’information un peu plus tôt derrière lui, c’était le propriétaire de cette riche voiture. On ne pouvait pas nier que le sourire de Foster changea aussitôt, vint une pointe de rage et d’énervement.**

« Peter Grant... Qu’est-ce que tu fais à Spring Harrow, je pensais que tu en avais rien à faire de nous... J’ai su que tu as fait fortune dans l’immobilier... C’est intéressant et oui, il est décédé peu de temps après ton départ et j’ai acheté depuis. Sinon, je suppose que tu es seul, à moins que tu ailles la petite amie volée d’un de tes amis qui attend à côté du restaurant ? »

**Ajouta l’homme sèchement. Bien sur, il n’avait pas opté pour un haut débit de voix, sachant qu’il y avait beaucoup de client présentement dans le restaurant et que, comme dit plus tôt, les commérages se faisaient beaucoup trop facilement dans cette ville.**

Peter sourit, amusé. Il se passa la langue sur les dents et observa ce cher Jayson tout à son aise. Finalement ce n'était que de la courtoisie commerciale. Les vieux travers reprennent vite le dessus. Le ton de son ennemi ne trahissait en tout cas en rien ses sentiments. Il était content qu'il ne l'ai pas oublié. Le jeune homme en aurait été profondément déçu. Il n'y avait rien pour lui de plus délectable de s'amuser avec quelqu'un qui savait ce qu'il faisait. Cette part de franchise était bien l'une des rares de Peter pratiquait. Il appréciait l'effet qu'il faisait. Dans le restaurant, les conversations avaient d'ailleurs cessé, dominées avec surprise par l'échange entre le patron et son nouveau client. Nul doute que bon nombre d'entre eux se souvenait de lui. Il espérait ainsi leur prouver qu'il était devenu l'homme puissant qu'il avait toujours rêvé d'être.
Le jeune promoteur s'avança un peu plus vers le comptoir. Sa voix se fit bien plus basse que celle de son adversaire et son sourire trahissait clairement son esprit malsain.

- Allons, Jayson. Serait-ce de la jalousie que j'entends là ? Oui, en effet, j'ai fait fortune, chacun sa stratégie pas vrai ? Nous avons tous des ambitions bien différentes. - Le ton était sarcastique, presque moqueur, puis il adopta un ton plus doux, plus enfantin, prenant la moue qui allait avec. - Oh et puis tu me vexes, plus rien à faire de vous ? Mais voyons mon cher Jayson comment je pourrais vous oublier ? Je suis chez moi et peut être plus que tu ne le penses.

Il avait terminé sur un ton plus énigmatique. Il se redressa et passa son regard sur la clientèle. Il voyait déjà son plan sous ses yeux. Cette rencontre avait encore concentré son envie de le mettre à exécution. Il se retourna vers Jayson, toujours aussi souriant.

- Non, mon cher, je prendrais une table seul. J'ai du travail.

**La colère pulpait dans les veines du propriétaire, mais il ne pouvait tout de même pas exploser de colère devant sa clientèle. Il savait très bien comment ça finirait. Il ne perdrait pas uniquement des clients, mais se ferait pointé du doigt de manière soupçonneuse par la plupart des habitants de ce village. Jayson adorait Spring Harrow, il se sentait à son aise, mais on trouvait également un tas d’inconvenant à ce genre de petit endroit clos. Le commérage était si puissant, un événement arrivait et pendant l’heure qui suit, tout le monde parlait par téléphone, par mail ou en personne pour que chaque habitant entende parler de la situation. Enfin, c’était les risques du métier, alors pour conserver son bon statut dans le village, Jayson se devait de bien se comporter avec cet individu ! Il l’haïssait, mais n’irait pas jusqu’à le frapper devant sa clientèle ou quelque chose de ce genre évidemment. Foster borda un faux sourire sur ses lèvres et lança un soupir d’exaspération. Il semblait s’amuser avec lui et ça, Jay ne l’appréciait pas du tout. Il relâcha son chiffon qu’il tenait toujours sur son épaule et le lança sur le comptoir toute en ne laissant pas de côté l’homme du regard une seconde.**

« Jalousie, pas du tout ! Ça n’a jamais été mon but de faire fortune dans une grande ville et de débarquer, l’air fendant dans mon ancien village avec un costard à deux milles dollars et une limousine... Je suis très bien dans mon p’tit village et avec mon restaurant, je ne demande rien de mieux... »

**L’homme roula les yeux péniblement, il ne pouvait tout simplement pas le supporter et cette vieille rancoeur n’avait plus seulement rapport avec le coup qu’il lui avait fait avec sa copine du Lycée. Foster le détestait pour ce qu’il était tout simplement. L’homme baissa les yeux durant une seconde, mais les remonta aussitôt qu’il termina sa phrase, allait-il s’installer en ville ? C’était impossible. Un juron lui vint à l’esprit, mais par chance, il ne le cracha pas à cet individu.**

« Tu.. Tu veux dire que tu comptes te réinstaller en ville.. ? »

**À la base, Jayson était un charment et gentil garçon, mais avec Peter, ça lui était impossible. L’homme ajouta qu’il était seul et devait travailler.**

« Dans ce cas, tu peux t’installer là-bas, près de la fenêtre, tu as besoin du mot de passe pour la connexion wi-fi ? »

Peter avait bien conscience que Jayson n'était pas le même genre de personnes que lui, que ses ambitions étaient différentes et c'était d'ailleurs mieux ainsi. Toutefois, toute cette situation l'amusait profondément. Il aimait énervé son adversaire. C'était comme le voir exprimer cette colère que lui-même avait cessé de dévoiler à voix haute depuis longtemps. Aujourd'hui, il faisait partie de lui, le consumait. Il ne pourrait sans doute jamais s'en détacher et le responsable se tenait face à lui. Jayson en avait-il conscience ? Probablement que non. Il était bien trop gentil et droit pour penser de la sorte. D'un point de vue technique, il n'avait rien fait de mal. Mais du point de vue de Peter, c'était une autre histoire. Sans le vouloir, Jayson avait contribué à la ruine de son humanité. Peter n'était plus qu'un esprit assoiffé de pouvoir après avoir échoué dans le but de sa vie. Son but désormais était la vengeance et il la mènerait à bien quelque que soit le prix à payer pour.
Il respira, amusé, se fendant d'un léger rire.

- C'est bien ce que je disais, Jay, des ambitions différentes ! C'est bien, il faut des gens comme toi pour qu'il y ait des gens comme moi. Vous êtes - Il hésita, cherchant ses mots de façon théâtrale avec les mains - l'énergie sur laquelle nous nous appuyons. La base de l'humanité - Il referma ses mains et ajouta d'un ton ému, feint- Ah c'est tellement beau !

Il jubilait. Cette comédie était toute sa vie et son nouveau public lui plaisait. Tous ces gens qu'il connaissait depuis sa naissance et méprisait avec force. Il se tourna vers Jayson et renouvela son sourire quand il entendit sa question. Le pauvre, s'il savait !

- Oui, en effet, ce n'est qu'une question de temps maintenant. J'ai besoin d'air comprends-tu. La ville, toute cette agitation, c'est merveilleux mais éreintant et puis rien ne vaut la maison pas vrai ? Et puis, je suis persuadé que j'aurais de quoi faire du business dans le coin.

Il conclut avec un grand sourire, jetant un regard appuyé au restaurant. Accoudé lui aussi au comptoir, il observa la réaction de son adversaire avec amusement. Ce dernier lui indiqua une table près de la fenêtre pour s'asseoir.

- Parfait. Tu m'apportes ça !

Il quitta le comptoir pour rejoindre la table en question. Sur le chemin, il salua avec un sourire, plusieurs convives, surpris de la voir. Les commérages allaient sans doute partir de plus belle. Tant mieux, il adorait avoir l'attention sur lui.

**À chaque fois qu’il se remémorait le Lycée depuis qu’il était devenu un adulte qui avait tout de même bien percé. L’homme se sentait maladroit face aux événements du passés. De revoir sa petite amie de l’époque le quitter pour ce salaud de Peter Grant, ça ne lui donnait qu’une envie, de se retirer et de tout oublier, mais en vain, il n’y arrivait pas. Sans doute que l’homme qu’il était semblait être beaucoup trop rancunier, mais de la manière qu’on voyait Peter aujourd’hui, cela signifiait qu’il était au même stade que lui. Il n’avait sans aucun doute rien oublié de cette malheureuse histoire et bien que cette femme ne soit plus dans les parages depuis l’échec de ses deux relations amoureuses, cette histoire tournait toujours à cent milles à l’heure dans l’esprit bouillonnant des deux adultes dans ce petit restaurant de Spring Harrow. Les commentaires de l’arrogant ne plaisait pas du tout à Jayson, mais il devait se contenir, c’était réellement important pour le succès de son restaurant. Il ne souhaitait pas devoir mettre la clé sous la porte, le Bretzel était la chose la plus importante qu’il possédait. Il était certain que jamais il ne vendrait.**

« Mais oui Grant.. et même si j’ai un job un peu moins gratifiant que le tien, ça ne signifie pas que j’approuve le fait que nous vivons pour te servir… je te laisse aller sur ce, directement à ta table, j’enverrais une serveuse dans quelques minutes s’occuper de toi. Je ne pense pas que tu t’attends à un service de roi en venant manger ici.. Je ne suis pas un restaurant cinq étoiles de New York, mais un petit resto situé dans un petit village éloigné… j’espère tout de même que tu mangeras bien …. »

**Il leva le sourcil et pointa Melanie, une autre serveuse du restaurant pour lui faire comprendre qu’elle pouvait s’occuper de ce nouveau client. Jayson le suivit tout de même du regard jusqu’à sa table. Il revint un peu plus loin pour remplir les tasses de cafés de ses clients habituels. Il dit sur un ton bas, que Grant ne pouvait pas entendre.**

« Désolé pour cette petite scène, disons que je ne m’attendais pas à le revoir en ville… »

**Évidemment, Jay connaissait très bien les clients du restaurant, c’était pour la plupart des amis, des voisins, des anciens collègues ou des connaissances qu’il côtoyait couramment. Ainsi, tout le monde connaissait l’histoire de Peter, mais également celle de Jayson Foster et de cette petite minette qui avait quitté la ville depuis cette douloureuse histoire.**

TOPIC TERMINÉ